1965. Un couple d'instituteurs, Marielle et Silvère Tardieu, prend son nouveau poste à Aiguevives, un village du Rouergue. Dans cette campagne très marquée par les querelles scolaires entre école laïque républicaine et école privée catholique, ils ne tardent pas à être catalogués comme gauchistes, eux qui n'assistent pas à la messe. Mais leur engagement auprès de leurs jeunes élèves, leur volonté de développer l'accès à la culture pour tous vont peu à peu fédérer les bonnes volontés. Alors que l'époque est au changement et se prépare à l'insu de tous au grand bouleversement de 1968, l'éducation nationale est confrontée à la désertification des campagnes et à la fermeture des classes, tandis que les enseignants aspirent à des pratiques pédagogiques plus modernes. L'Église elle-même est transformée par le concile Vatican II au moment où la société s'émancipe de la férule des prêtres.
En historien, Daniel Crozes retrace une période charnière au sein du monde rural, marquée en Aveyron par le combat des paysans du Larzac, mais aussi plus généralement par l'antagonisme des tenants de l'école privée contre l'école publique, l'exode vers les villes, la fin d'une agriculture familiale ; en romancier, il nous plonge dans le destin de Marielle, meurtrie par de cruelles dissensions familiales mais qui a trouvé en Silvère le solide compagnon avec lequel surmonter les épreuves et construire son avenir. Elle incarne le puissant mouvement de libération des femmes du vingtième siècle.